Vallée de l'Intelvi scagliola

Exemple de symbolisme typique : lys, œillets et fruits dans le fronton de scagliola de San Giorgio fuori le mura à Ferrare.

Les symboles de la scagliola

L'atelier scaglioliste applique l'utilisation répétée d'éléments fixes, tels que les cadres et les rouleaux, dans lesquels sont insérés des éléments mobiles, tels que des fleurs et des guirlandes, et des figures de dévotion centrales. Chaque antependium est le fruit de la collaboration d'un maître et d'un élève, c'est pourquoi il est toujours réalisé par deux auteurs. Pour revenir à l'église Saint-Thomas, par exemple, dans les deux premières chapelles adjacentes au maître-autel, on peut admirer deux antependiums représentant différents symboles : des vases remplis de fruits, c' est-à-dire des offrandes de bonnes actions ; des bouquets de roses et de lys, signe de pureté ; des fleurs d'œillet, représentation de l'amour du Christ ; des guirlandes, comme des chapelets de prière, et des coraux croisés, signe d'un noble sacrifice.

C'est en admirant ces œuvres splendides que l'on comprend pourquoi les artisans et les artistes d'Intelvi étaient demandés dans toute l'Italie et même en Europe, d'autant plus qu'ils ne se limitaient pas à la production de frontaux : habiles dans le travail de la pierre et l'édification de bâtiments, les habitants d'Intelvi sont connus pour avoir construit des églises et des cathédrales de grande importance historique.

De la vallée d'Intelvi à la conquête de l'Europe

À l'époque romane, les "magistri comacini" étaient des collectifs d'artisans très organisés, comprenant des architectes, des maçons, des charpentiers, des sculpteurs, des décorateurs et des peintres : leurs compétences étaient très spécifiques, mais ils se déplaçaient en groupe. Dès l'âge de 12 ans, les gens pouvaient émigrer pour travailler, avec leur père ou leur grand-père, pour des périodes saisonnières. Chaque village de la vallée possédait des groupes spécialisés : maçons à Schignano, plâtriers et scagliolistes à Laino, décorateurs à Castiglione, scénographes à Ponna. En effet, les montagnes alpines et préalpines, avec leurs vallées et leurs transits, ont permis un réseau dense de relations internationales depuis l'époque des Lombards, lorsque les habitants d'Intelvi ont commencé à être reconnus et respectés en tant que "magistri".

Cerano d'Intelvi vu d'en haut

Entre le XVe et le XVIIIe siècle, la scagliola était l'expression d'un langage artistique et naturaliste, et représentait la louange éternelle de l'esprit avec l'offrande de fleurs, de couleurs, de rubans et de pierres. Tout ce qui dans la nature est changeant, insaisissable et momentané devient, avec la technique de la scagliola, gravé avec des couleurs vives dans un élément immobile et éternel, comme la pierre. C'est précisément cette capacité à rendre éternel l'éphémère qui a conduit le pape Clément VII à remplacer les devants d'autel en soie dans les églises par des œuvres en scagliola. Ces œuvres magnifiques pouvaient rivaliser en beauté avec les incrustations de marbre, mais elles étaient beaucoup moins chères, ce qui permettait aux ordres les moins riches, comme les Capucins, d'embellir leurs églises. Peu à peu, les scagliolistes se sont établis et ont fabriqué les éléments précieux des autels et des tabernacles en scagliola, remplaçant la pierre d'ardoise et toutes sortes de marbres, considérés comme un luxe pour les ordres mendiants. L'Intelvese scagliola a connu son plus grand développement et sa plus grande utilisation au XVIIIe siècle dans les devants d'autel, les petites tables et les tables, les consoles et bien d'autres choses encore, qui se sont répandues dans toute l'Europe, avec des motifs décoratifs conçus ou interprétés en fonction des mœurs de l'époque.

Entrée du musée

Le musée du stuc et de la scagliola

La tradition de la scagliola est si forte et enracinée dans le territoire qu'aujourd'hui une aile du Palazzo Pinchetti Perlasca du XVIIe siècle est occupée par le musée du stuc et de la scagliola. Né en 1989 grâce à la création et au travail de collection des professeurs Bruno Gandola et Floriana Spalla, lui artiste de Cerano de l'Académie de Brera et elle historienne de l'art, il transmet aux générations futures l'art et le savoir qui ont toujours distingué les habitants d'Intelvesi. À l'intérieur, en effet, le monde du stuc et de la scagliola est exploré en profondeur grâce à des photographies représentant les artisans au travail, les outils et les matériaux utilisés au cours des siècles et leur évolution, et enfin, immanquablement, de merveilleux exemples d'œuvres en scagliola et en stuc plastique moderne.

C'est ainsi que l'on arrive au bout du voyage, du moins en apparence... en réalité l'aventure ne fait que commencer car désormais, après avoir découvert le monde surprenant de la scagliola, vous vous retrouverez ici et là dans toute l'Italie et l'Europe à reconnaître la main des talentueux artistes de la vallée d'Intelvi !